Visages du territoire
Ce reportage, réalisé à l’occasion des éditions successives de Rendez-vous en plein champs, est une façon d’interroger notre regard sur les espaces naturels et cultivés de Pin Balma, aux portes de la métropole toulousaine. Le photographe a travaillé avec quelques habitants de la commune. En 2013, l’espace agricole était représenté par trois familles, propriétaires terriens depuis plusieurs générations et, en 2014, c’est l’espace du potager qui est visité, avec trois personnes qui cultivent à une échelle plus intime des parcelles du territoire.
↪ Parmi les terres cultivées par Bernard Sicard, certaines appartiennent depuis plusieurs générations à sa famille et d’autres sont travaillées pour le compte de propriétaires de parcelles plus ou moins grandes. En tout, il exploite environ 800 ha avec l’aide de plusieurs salariés et un de ces deux fils le rejoindra peut-être. On le voit ici dans le champ de colza devant sa maison et saisi au vol sur un tracteur. Dans le vaste bâtiment réservé aux machines agricoles, au premier plan, un semoir tentaculaire avec ordinateur de bord et carte embarquée permettant de repérer chaque opération grâce à un système de guidage GPS.
↪ La famille Jansou compte déjà quatre générations d’agriculteurs qui se sont succédées sur l’exploitation familiale depuis 1929, et un petit dernier de 3 ans et demi. Christian Jansou travaille aujourd’hui avec un salarié, sa fille, Marilyne, et son fils David, ici photographié dans un champ de tournesol avec une bineuse auto guidée par caméra et palpeur afin de décroûter le sol compacté superficiellement par des pluies battantes. L’exploitation familiale, 250 ha de céréales, se complète d’une entreprise agricole de prestations de services réalisant des travaux sur une surface d’environ 300 ha.
↪ Pierre Astié n’hésite pas à utiliser les ressources offertes par les espaces végétalisés que Pin Balma a su préserver. Faucille à la main, on le voit ainsi récolter près de chez lui de quoi fabriquer son purin d’ortie : un traitement efficace, gratuit et bio qu’il emploie dans son potager. Les plantations fournissent déjà quelques salades, aussitôt conduites en cuisine, et bientôt ce seront des radis, tomates, courgettes ou haricots… Il encourage aussi la biodiversité dans son jardin et la terre, qui reçoit l’eau du toit (et du puit), accueille des vivaces pour les insectes butineurs et de nombreux nichoirs régulièrement habités.
↪ Jean-Louis Gèze est ingénieur agronome et expérimente sur ses terres d’autres modes de culture. Il met notamment en place des cultures sous couvert végétal sur plusieurs années, permettant ainsi de réduire les apports d’engrais. Dans le champ situé en contrebas de sa maison, derrière une haie qu’il maintient soigneusement, il joue l’équilibre entre le blé tendre et la luzerne. Sa famille, implantée sur Pin Balma depuis le XIXe siècle, possède encore le château du Pin, derrière la mairie, dont le vaste parc arboré est exceptionnellement ouvert à des visites guidées à l’occasion de l’édition Plein champs 2014.
↪ Plus qu’un jardin potager, c’est un véritable projet mis en œuvre à la clinique d’Aufréry animé par Agnès Baudéant, infirmière au CATTM (Centre d’accueil Thérapeutique à Temps Modulé) et responsable d’un groupe thérapeutique « Jardin partagé ». Le potager permet de travailler avec du vivant et d’intégrer la mesure du temps, à l’image de celui qui sépare inévitablement toute souffrance de l’apaisement. C’est aussi une occasion précieuse d’être avec d’autres, de trouver sa place dans un projet commun et d’échanger tout en rétablissant un nécessaire et salutaire contact avec la nature.
La conservation de la prairie du parc, riche en orchidées sauvages, prolonge les actions menées au jardin en ajoutant un aspect plus patrimonial lié à la conservation. On sent bien, là aussi, que la terre n’est pas seulement un espace de production mais bien toujours une parcelle de liberté.
La conservation de la prairie du parc, riche en orchidées sauvages, prolonge les actions menées au jardin en ajoutant un aspect plus patrimonial lié à la conservation. On sent bien, là aussi, que la terre n’est pas seulement un espace de production mais bien toujours une parcelle de liberté.
Visages du territoire
Commande de Toulouse Métropole dans le cadre du projet Parc agricole et naturel de Pin Balma (Haute-Garonne)
Photographies Laurent Bessol, textes Caroline Lesage.
Commande de Toulouse Métropole dans le cadre du projet Parc agricole et naturel de Pin Balma (Haute-Garonne)
Photographies Laurent Bessol, textes Caroline Lesage.